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C. comme conso. com. c..

"C" comme Consommation

La "Société industrielle de consommation dirigée", (décrite par Henri Lefebvre après 1945), "La Société de consommation" (Jean Baudrillard, en 1970) ou encore "La sauce de cons" (définie par moi-même, pas plus tard qu'aujourd'hui) est comme l'univers : toujours en expansion et nous gravitons dedans, semble t-il, sans pouvoir nous en passer. Comment faire sans elle ?
Je ne sais pas. En attendant de répondre à cette question existentielle, il faut bien faire avec, et en bon humaniste, se faire un devoir de traquer les dysfonctionnements, incohérences et autres défauts dans le but bienveillant de réfléchir aux possibilités d'amélioration. Il faut se rendre à l'évidence : nous ne sommes plus des habitants de la terre, des individus libres et des citoyens, nous sommes avant tout des cons-so-mma-teurs.

 

Il est loin le temps de l'autosubsistance, de la cueillette et de l'élevage. Le temps où l'on chassait pour manger et se vêtir. Les préoccupations sont pourtant identiques aujourd'hui (manger et dormir au chaud) mais les ressources naturelles sont gérées par des multinationales et nous devons payer pour y avoir accès. Acheter pour vivre, travailler pour payer et consommer pour exister, voilà le programme…

Le but de la vie actuelle est d'espérer une reconnaissance minimum de notre travail, et pourquoi pas, une valorisation "supérieure" pour gagner plus d'argent et consommer du superflu, voire même du luxe. On voudrait augmenter son "niveau de vie” (…), comme si la qualité de la vie dépendait de notre dose de convoitise !

Consommation
[ "C" comme Consommation - 02 ]
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Série

Cette série est composée
de 25 photographies.

Textes et photographies
© Laurent Meynier
2006-2007
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Le poulet et le renard

Comme dans le dessin animé : le renard, voyant la poule, imagine déjà la volaille rôtie. Mais le poulet n'est pas encore sur la broche, et il a envie de chanter le poulet ; même si personne ne l'écoute, il chantera. Il chantera parce qu'il sait que "s'exprimer" c'est exister et que vivre ce n'est pas forcément consommer. Consommer à tout va, picorer grains, miettes et gravillons sans faim. Le poulet, il fait encore la différence entre manger et bouffer, s'habiller et se pavaner, se déplacer et profiter des promos des tours opérators, entre un besoin et une proposition commerciale.
Mais le renard répond que la consommation, c'est le fonctionnement normal de l'économie de marché, que c'est bon pour développer la concurrence et donc indispensable à la pérennisation des emplois, et que sinon, on sera tous au chômage. Bref, "La raison du plus fort est toujours la meilleure", et ça n'a pas beaucoup changé depuis La Fontaine.
Mais "avant", on s'en passait bien, non ? L'économie de marché n'est peut-être pas inévitable. Les sociétés primitives comme les Inuits ou les Indiens d'Amérique, géraient directement les ressources naturelles, arrivaient à trouver un équilibre stable sans recours à l'argent ni système bancaire. Ils arrivaient aussi à profiter de la nature en la respectant.
Nous avons perdu cet art de vivre ancestral équilibré et harmonieux, pour le remplacer par un système, humainement destructeur, dans l'idée d'évoluer ?
La "sauce de cons", soit on en profite, soit on la subit : il n'y a pas de place pour la composition, pour les alternatives, pour les idées. Et surtout, il ne faut pas remettre ce système en question car c'est le meilleur modèle économique que nous puissions produire aujourd'hui.

Liens
Bibliographie
fleche Charles Fourier

Consommation
• Le nouveau monde industriel et sociétaire, Nouvelle Bibliothèque Romantique, Flammarion.
• Henri Lefebvre : La vie quotidienne dans le monde moderne, Paris 1968 : Gallimard, Collection Idées.
• Jean Beaudrillar : La société de consommation, 1970.
• Edgar Morin : Le paradigme perdu de la nature humaine, 1973.
• Boris Cyrulnik : Mémoire de singe et parole d'homme, Hachette, 1998.
• Erich Fromm : Avoir ou être, Un choix dont dépend l'avenir de l'homme, Laffont, Paris, 1978.
• Bernard Stiegler : Mécréance et Discrédit, Galilée 2004..

Né pour travailler, né pour consommer

J'ai le sentiment d'être né… Pas plus pour travailler que pour consommer ! Et pourtant, c'est bien ce que je fais : je travaille et je consomme. Pas besoin d'être devin ni économiste pour savoir que c'est par l'épanouissement de l'individu que passera l'amélioration de la société. Il faudrait plutôt travailler le moins possible, consommer le moins possible et apprendre à échanger avec les autres, chacun avec ses qualités propres, au sein de groupes modulables : l'utopie quoi !
La réponse s'est perdue dans l'histoire avec les théories utopistes qui s'appuyaient sur les compétences et les motivations des individus et sur des modèles de sociétés primitives. Nous avons la mémoire collective un peu courte semble t-il. La solution s'est cachée dans la nature et nous la retrouverons avec l'observation des sociétés animales* (et végétales ?) dont nous avons encore tant à apprendre. La réponse ne se trouve pas dans la contrainte et l'asservissement dont on nous gratifie, soi disant dans notre intérêt. J'entends crier au fou, au Fouriérisme, à l'utopie, au Marxisme, au Naïvisme, mais bon, faut-il tout accepter sans réagir, sous prétexte que le modèle économique qui prévaut à l'heure actuelle est démocratique et libéral ? Et le véritable humanisme où est-il passé ? Rien ne laisse penser qu'il y aura une fin à la société de consommation, alors on peut toujours rêver, et aussi essayer des trucs, chacun à son niveau…

 

"C" comme Communication

Le téléphone fixe nous avait déjà appris à vivre dans l'urgence puisque les décisions se font sous la pression du contact momentané et surtout pas en prenant son temps pour réfléchir. Les solutions aux problèmes ne sont plus gérées dans une logique de choix assumé, mais dans un souci de rapidité, voire de productivité (ce qui est bien à l'image de notre société actuelle).

 

À quoi sert le téléphone portable ?

Déjà, je ne voulais pas de cet objet par choix personnel, car je l'assimile à un principe d'asservissement pur et simple. Tous les boulets légués par nos pères et nos précepteurs que l'on traîne immanquablement nous pèsent déjà suffisamment sans devoir en ajouter d'autres bien inutiles. Pour quelle raison et pour qui devrait-on sacrifier le peu de liberté qu'il est si difficile de gagner ?
Accepter cette soumission au nom de quoi ? Pour faire comme tout le monde ?
Le téléphone mobile n'est pas un besoin mais un désir. Un produit de consommation qui a émergé grâce à la publicité qui s'atèle toujours à nous faire croire à des indispensables nécessités que nous ne connaissons pas encore. La publicité et les médias nous travaillent par notre point faible : la naïveté cupide, l'envie de posséder la même chose que le voisin, ou mieux si possible !

Communication
[ "C" comme Communication - 01 ]
Téléphone mobile   Téléphone mobile
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Téléphone mobile   Téléphone mobile
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Téléphone mobile   Téléphone mobile

Pression de la peur à travers le discours de la sécurité ou tentation séduction, technologie, affirmation etc. Tous les moyens sont bons pour faire acheter n'importe quoi. Le phénomène de mode aidant, et voilà !

Sans parler du manque de respect que cela engendre : dans une conversation avec un interlocuteur présent en face de vous, accepteriez-vous qu'un troisième individu se glisse subrepticement dans l'interstice entre protagonistes, occupe l'espace physique et sonore et sans aucune gène vienne interrompe votre échange pour vous envoyer un grand "T'es où là ?" en pleine figure ?
Vraiment !

Téléphone mobile
 

Téléphone injoignable

J'ai une amie qui à fait l'acquisition d'un "mobile". Je lui demande pour quelle raison, et elle me répond embarrassée qu'elle à cédée à une offre commerciale, bien qu'elle n'en avait pas vraiment besoin. Le problème, car il y en a un, c’est qu'on ne peut pas l'appeler ! Elle peut s'en servir heureusement pour téléphoner mais elle n'a pas de numéro à elle, son abonnement doit-être à sens unique, je ne savais pas que ça existait ! C'est quand même un comble pour un  principe de communication : écoutez moi, (c'est moi qui paye) et surtout ne me parlez pas ! Bref, pour faire comme tout le monde, on achète et on accepte n'importe quoi ! Ben oui, tout le monde en a un aujourd'hui. Plus de 65% des "ados" et 80% des "gens en activité" (selon France Inter). Moi, je dirais plutôt 100% des consommateurs, puisque téléphoner, ce n'est pas communiquer, c'est plutôt consommer non ? Il y a des stratégies marketing qui débutent par un prix d'achat d'un euro symbolique, donc la rentabilisation est bien dans l'utilisation et pas dans le prix de revient, s'il fallait encore le préciser.

Le motif professionnel

Il faut bien vivre avec son temps. Ceci dit, là encore, je ne peux m'empêcher de penser à une "mise à disposition" permanente en quelque sorte, comme si le temps qui nous est imparti n'avait plus de valeur. Comme si n'importe qui pouvait nous détourner de nos activités à n'importe quel moment, pour n'importe quelle raison et prendre ainsi la priorité sur notre occupation, ce qui revient à choisir à notre place notre disponibilité. Et même dans le monde du travail, cela me parraît parfaitement inacceptable. S'il faut rester disponible dans sa vie privée et en plus pendant le week-end, la liberté en prend un sacré coup. Si c'est cette interpénétration des mondes personnels et professionnels qui nous pend au nez. Nous devrions préserver notre temps au lieu de le gaspiller. Comme la liberté, le temps devrait se prendre. En vivant toujours dans l'urgence, on rend cette action impossible, bien qu'elle soit fondamentale.
Le portable, ça sert à paraître "(maître) de son temps", alors qu'on met en réalité son temps à disposition. "Exister" aussi en tant que bon consommateur et se dire pour se rassurer "je suis comme tout le monde", comme si être comme tout le monde pouvait-être une fin en soi. Si le "portable" ne sert finalement qu'à consommer, la boucle "Consommation et Communication" est bien bouclée.

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Cette série est composée
de 15 photographies.

Textes et photographies
© Laurent Meynier
2006-2007
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Communiquons !

Mais tout cela ne doit pas nous faire oublier le véritable problème posé par l'expansion de tous ces jouets de communication : la diminution de l'échange humain au profit de l'instrumentalisation de la communication*. D'un côté on nous bourre de publicité pour nous faire consommer des forfaits, des joujoux aux diverses fonctions plus innovantes les unes que les autres, avec un idéal, celui de nous rendre accros 24h sur 24. Pour cela, on nous propose de l'internet, des jeux, des effets sonores personnalisés, des multi-fonctionnalités, sans oublier le prestige inhérent à la possession du modèle dernier cri… Par ailleurs, nous disposons de beaucoup de facilité pour parler à n'importe qui, n'importe quand et n'importe où, mais nous n'avons plus rien à dire puisque nous passons notre temps à consommer au lieu d'échanger, d'apprendre et de créer.
Alors pour pallier cette carence, on nous transforme en reporters : Formidable !, grâce à mon téléphone mobile, je peux rapporter n'importe quel fait divers comme un pro, et le vendre à une chaîne de télé, et bien sûr, gagner beaucoup d'argent. Il me suffit d'être là, prêt à bondir avec mon outil. Tout ça sans me poser de problème d'éthique, ou de respect de l'autre : si les médias achètent mes images, ça justifie le geste. Finalement, quand on n’a rien à dire, on peut toujours communiquer sur les autres, ça occupe, et en plus, ça rapporte !

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Bibliographie
Communication
• Dominique Wolton :
Sauver la communication, Flammarion, Paris 2007
Sur l'utilisation de la parole.

fleche Le déclin de la parole Philippe Breton, dans Le Monde diplomatique de mars 1997.
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Donc, le développement de ces "outils" de communication, cache surtout un gros manque de relations humaines, et même de vécu. Pour avoir des choses à raconter, il faut commencer par vivre des choses, et pour cela point de mystère : il faut disposer de temps, de temps à soi, de temps partagé avec d'autres, de temps libre. Et encore faut-il choisir d'utiliser son temps, quand on en dispose, à autre chose qu'à consommer : les courses, les soldes, l'équipement, les loisirs, les vacances, les voyages… Les prétextes et les tentations ne manquent pas ! Aujourd'hui "la communication" sert surtout aux professionnels : aux médias qui nous informent partiellement, aux politiques qui nous convainquent du bien fondé de leurs idées, aux dirigeants, qui "gèrent" les ressources humaines avec des techniques très efficaces**, et surtout aux publicitaires que je garde pour la fin, mais qui ne sont pas les derniers à utiliser les techniques de communication pour nous convaincre de notre besoin d'en consommer.

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