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La série comporte 50 photographies
format 40 x 30 cm.
Textes et photographies
© Laurent Meynier 2008
Les réflexions photographiques
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« L'oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l'excès de travail est le père de toutes les soumissions. »
« Le propre du travail, c'est d'être forcé. »
[ Alain ], "Préliminaires à la mythologie", Paris 1932. |
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Ils ont pourtant accédé à la noblesse de leur inutilité et sont chargés d’une présence indéniablement forte : l'histoire qu'ils racontent.
Avant de les ranger dans le coffre en bois peint fabriqué par celui qui les utilisa au début du siècle dernier, j'eus envie d'en tirer une galerie de portraits. Car ce sont de véritables personnages aux bras de fer et aux mâchoires d'acier, hauts en couleurs.
Ils ont cessé de travailler lorsque l'atelier de fabrication a fermé et sont devenus inutiles du jour au lendemain, puis définitivement obsolètes. Rien ni personne ne devait plus les faire sortir de leur remisage. Ils sont aujourd’hui remplacés par quelques mécanismes électroniques ou pire encore, des machines jetables !
Ces objets étaient dignes d’intérêt et méritaient mieux que l’oubli. J'eus l'idée de les mettre en mouvement une dernière fois. Pas vraiment pour reconstituer des gestes techniques oubliés, mais pour exprimer quelque chose de plus global et de plus intime, pour dégager une idée et tendre vers son abstraction, exprimer le message d'une époque révolue et d’un fantomatique savoir-faire. C’est pourquoi le métier en question est volontairement indéfini et les objets sont traités sur la part d'imaginaire mythologique qu'ils contiennent.
Ces "gestes imaginaires" sont donc des gestes inventés de toutes pièces, des mouvements induits par la forme et la matière des outils, de leur expressivité dans la lumière, des gestes aussi lents et inutiles que possible, des traces qui se réferent plus à des coups de pinceaux qu’à des coups de marteaux. Des empreintes d’outils et des flous de mouvement qui symbolisent le temps qui à passé et qui permettront, je l'espère, d'ouvrir des pistes dans l'imaginaire temporel du spectateur.
« Avec les mots, on marque le mouvement, avec les images, on le fixe. »
[ Louis Scutenaire ] |
Le travail Le mot "travail", vient du latin "tripalium", un instrument à 3 pieux utilisé pour aider au "travail" des bêtes.
"Travail" du latin trabicula, désigne aussi un chevalet de torture.
Au XIIe siècle, en ancien français "travail" signifie "tourment et souffrance".
« On revient avec le crédit à une situation proprement féodale, celle d'une fraction de travail due d'avance au seigneur, au travail asservi. »
[ Jean Baudrillard ], "Le système des objets", Gallimard 1968. |
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