Les réflexions photographiques
 

Ramifications

Semblable à un mycélium affamé, la ville étend ses ramifications rayonnantes à tous les azimuts : Lotissements, constructions individuelles ou immeubles, zones en cours d’aménagement…
La propagation du bâti dans les zones périurbaines est rapide et systématique et la ville gagne du terrain sur la campagne…
Pour les promoteurs de ce développement inflationniste, le terrain « prend de la valeur ». La moindre parcelle de terre, pour peu qu’elle soit constructible, s’évalue, se valorise et se monnaye sans aucun état d’âme. Mais la marchandisation ne tient pas compte de la véritable valeur de cette ressource, car la terre est vivante.

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Série

La série est composée de 30 photographies.

Textes et photographies
© Laurent Meynier 2010
Les réflexions photographiques

 
 

« Une ville ressemble à un animal. Elle possède un système nerveux, une tête, des épaules et des pieds. Chaque ville diffère de toutes les autres : il n'y en a pas deux semblables. Et une ville a des émotions d'ensemble. »
[ John Steinbeck ]
Extrait de "La perle."

 
 

« L'homme aime tant l'homme que, quand il fuit la ville, c'est encore pour chercher la foule, c'est à dire pour refaire la ville à la campagne. »
[ Charles Baudelaire ]
Extrait de "Journaux Intimes."

 

« La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre » (1), comme tous les êtres vivants, animaux ou plantes.

Ce « terrain à bâtir » qui va bientôt être vidé de sa substance vivante par des bulldozers, pour être remplie de béton, appartient d’abord à notre nature, avant d’être attribuée à un « propriétaire terrien » par un contrat unilatéral.
Aux XIXe et XXe siècles, les campagnes se sont désertifiées car le travail appelait les hommes dans les villes. Les industries se sont développées et la population s’est urbanisée ; jamais le phénomène ne s’est inversé. Le même scénario se répercute aujourd’hui sur les pays émergeants et l’on pourrait donc prévoir des conséquences identiques : une accumulation excessive de population urbaine dans un premier temps, puis, lorsque les industries disparaissent, le développement de la pauvreté et du désœuvrement. Impossible de faire machine arrière. Comment se réinstaller à la campagne lorsque l’on a tout oublié de la terre et que la société nous a privé de notre autonomie et rendus dépendants de la consommation ?

Dans les pays pauvres, les zones périurbaines se mutent en bidonvilles, faute d’autre choix, on s’accroche à la ville et on essaye de survivre tant bien que mal. Dans les pays riches, les bidonvilles sont mieux cachés, mais la misère est résurgente, elle finit par ressortir par les stations de métro ou les files d’attente des organismes caritatifs. En cas de « réussite sociale », un individu peut s’offrir un terrain et bâtir sa maison. C’est-à-dire qu’il a le droit et le pouvoir d’imposer à la nature et aux autres hommes une appropriation de l’espace commun. Cette parcelle de terre sera son « chez lui » puisqu’il a payé pour ça.
Les indiens d’Amérique ont été dépossédés de leurs terres parce qu’ils n’avaient pas cette notion de territoire. Les colons ont pu s’imposer par leur nombre et par leurs lois, dans un espace qui appartenait à tout le monde, c’est-à-dire à personne en particulier. Faut-il en déduire que c’est cette idée d’appartenance, de richesse personnelle, de « biens propres » qui décide et organise la destruction du patrimoine commun, et qui peut donc aller jusqu’à la destruction de la nature et de la vie elle-même ?
La terre est-elle un objet de consommation comme un autre, comme ceux que nous achetons et que nous vendons pour faire fonctionner notre système économique ?
Ce système économique est-il réellement destiné à servir la société humaine, ou seulement une petite partie de celle-ci ?

De nos jours, l’arbre ne cache plus la forêt. A travers les branches on peut apercevoir des maisons, des maisons qui poussent comme des champignons, et ces champignons n’en finissent pas de grossir. Mais chaque champignon à besoin d’un arbre et doit se développer en harmonie avec lui. Le champignon ne peut donc exister sans l’arbre, mais l’arbre lui, peut très bien vivre sans champignon.
La société humaine est comme ce champignon, elle a besoin de l’arbre. L’arbre est le témoin de l’évolution, mais il est aussi sa condition (2).

Liens

Bibliographie
fleche Histoire
des Etats-Unis
Wikipedia.
fleche Histoire
de l'île de Paques
Wikipedia.
Livres
fleche Fantastique île de Paques
fleche L'île de Paques

Livres
• Jared Diamond, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, 2006.
• Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome 3 : Le temps du monde, Paris, Armand Colin, LGF-Le Livre de Poche, 1993.
• Robert Castel, Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi (avec Claudine Haroche), Fayard, 2001.

 
 
Notes
(1) Sagesse indienne du Chef Sioux Sitting-Bull.
(2) L’histoire de l’île de pâques nous apprend qu’une société humaine qui est capable de détruire tous les arbres pour développer son économie, tend aussi à se détruire elle-même.
 
 
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