Les réflexions photographiques
 

Limites & territoires

Le visible et l’invisible
Cette recherche porte sur les relations entre notre société et ses territoires, réels ou imaginaires. À travers l'étude des multiples limites visibles de l'espace urbain et péri-urbain, je propose une transcription photographique du concept de limite territoriale.
« Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l'imagination est sans frontières. » [ Jean-Jacques Rousseau ].

Concept de territoire

Décrire la société par l'étude de ses territoires, c'est essayer de capter les signes des différents groupes sociaux et tenter de comprendre leurs identités culturelles, leurs enjeux et leurs relations avec l'environnement commun.
Mais le concept de territorialité induit aussi des relations sociales conflictuelles entre des individus ou des groupes dont l'identité diverge. Fréquemment, des intérêts économiques ou politiques se trouvent en opposition, la notion de territoire impliquant toujours l'idée de l'exclusion de l'autre - Nous pouvons malheureusement le vérifier tous les jours à travers l'actualité nationale et internationale.

Limites et territoires [ Points ]
[ Points de fuite et points de repère ]
Points
point de fuite point de repère
point de fuite point de repère
point de fuite point de repère
point de fuite point de repère
point de fuite point de repère
N'étant pas reporter, j'ai choisi d'éviter le genre "reportage humain" qui convient habituellement pour traiter le sujet sous un angle social. J'ai cherché un autre angle d'attaque et concentré ma réflexion sur la notion de "limites des territoires". Pour cela, je me suis attaché à mettre en images l'organisation de l'espace et l'interpénetration des limites territoriales réelles et imaginaires.
Limites et territoires [ Territoires ]
[ Territoires ]
Territoires
Limite Limite
Limite Limite
Limite Limite
Limite Place
Limite Place

Cadrage et limites photographiques

J'ai voulu utiliser la photographie directement comme une méthode de reconnaissance de limites.
J'ai cherché autour de moi les limites les plus banales, car leur évidence ne crève plus nos yeux blasés, et c'est peut-être à la source du ruisseau que commence la pollution de l'intolérance.
Je pourrais expliquer ma démarche comme étant la projection d'une limite intérieure sur une zone de la réalité extérieure.

Limites et territoires [ Avis ! ]
[ Avis ! ]
Avis !
Danger Interdit
Danger Interdit
Danger Interdit
Danger Message
Danger Message
Danger Message
Définir et imposer un territoire implique la reconnaissance de ses propres limites et aussi celles des autres*.
En faisant un cadrage, je crée mon territoire ; en photographiant un territoire déjà défini, je fusionne limites internes et limites externes, mes limites et celles de l'autre. J'effectue donc une mise en abîme de la notion de territoire dans le but de créer une image qui intègre mes limites et celles de l'autre.
Limites et territoires [ Passages ]
[ Passages ]
Passages
Passage Passage
Passage Passage
Passage Passage
Passage Passage
Passage Passage
 
Série

La série est composée de
4 modules de
25 photographies chacun.

Textes et photographies
© Laurent Meynier
2006-2007
Les réflexions photographiques

 
 

Notes

(*) Pour Diderot, c'est la base même de la tolérance :
— "Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au delà de ces limites, c'est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte".

 
 
« La propriété, c'est le vol ! » [Proudhon].
« Définir, c'est limiter. » [Oscar Wilde] - Extrait de "Le portrait de Dorian Gray".
« Une limite ne se touche pas. »
[Jacques Derrida]
Extrait de "La revue Le Monde de l'éducation".
Septembre 2000.

« La barrière la plus immuable de la nature se situe entre les pensées d'un homme et celle d'un autre. »
[William James].
 
Les Land-Artistes des années soixante, notamment Robert Smithson et Dennis Oppenheim avaient exploré les espaces géographiques à travers la cartographie, avec une fascination pour la question des frontières. Ils utilisaient la photographie, la topologie, le graphisme (…) comme des matériaux de construction dans leurs recherches à composantes multiples.

Étude des signes

Les territoires diffèrent suivant leur nature et leur fonction : leurs limites peuvent donc être naturelles ou culturelles et avoir un rôle protecteur, inquisiteur, ou simplement informatif.
De multiples limites sont définies par les pouvoirs qui encadrent la société, et des territoires sont imposés par des individus ou des groupes entre eux. Au titre de la loi ou de la sécurité, au titre du bien publique ou du bien privé, limites visibles et limites symboliques se mèlent pour établir des territoires règlementés ou la liberté des uns prévaut sur celle des autres.

Comment les territoires sont-ils signalés ?
J'ai regroupé par genres des limites de nature et d'origines parfaitement hétéroclites à priori, et j'ai défini ces 4 catégories après classement des images :
[ Points ] Les points de repère et points de fuite. Les bornes, jalons et marques de terrain. Limites physiques constituant des repères topographiques ou symboliques. Les frontières ouvertes.
[ Territoires ] Les barrières, frontières et murs. Emplacements et limites physiques ou morales. Les frontières fermées, propriétés et territoires privés ou publiques exprimés par des individus ou groupes sociaux.
[ Avis ! ] Les territoires réglementés, limites de zones du domaine publique régies par des lois. Les messages, mises en garde, avertissements de danger, périmètres de sécurité et interdictions. Les frontières franchissables sous condition ou avec conséquences.
[ Passages ] Ce sont des territoires autonomes et communautaires. Les passages, sont des zones de transition entre deux territoires.

Le pont suspendu au temps

La fameuse bande rouge et blanche nous prévient d'un danger "possible", c'est-à-dire virtuel, tant que l'on à pas franchi la limite. Ce fil évoque l'équilibre instable entre la lisière de la réalité présente et la réalité possible ou imaginaire.
Cette limite dangereuse, si on la transgresse dans l'idée, crée un "pont temporel" que traverse une tension visuelle expressive. L'image étant le vecteur de ce travail d'imagination, c'est elle seule, et non la réalité, qui provoque un questionnement sur l'avenir.

Transgression imaginaire

Les limites sont faites pour être respectées mais aussi transgressées. Si la limite géographique d'une zone de danger est bien signalée, une éventuelle transgression serait d'abord morale avant d'être physique. La probable conséquence ne serait donc pas plus réelle dans l'immédiat, et nécessiterait une projection imaginaire dans l'avenir.
Avec l'idée de transgression délibérée des limites, un message très particulier est véhiculé par la photographie : il exprime un double positionnement passé/futur du spectateur. Une utilisation inhabituelle d'un média dont le propre est de témoigner d'un passé révolu.

 

Liens
Bibliographie

Livres
• Edgar MORIN "La Terre comme patrie", Le Courrier de l’UNESCO novembre 1995.

• Denis Diderot : "Supplément au voyage de Bougainville" - Paru en 1772 - Editions Gallimard 2002, Collection Folio classique.

• Michel Foucher : "L'invention des Frontières", FEDN, 1986.

• Pierre Joseph Proudhon : "Qu'est ce que la propriété ?" 1840.

 
 

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vu par les Land-artistes.

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de Jean-Jacques Rousseau.

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